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HAÏM-NAHMAN BIALIK

(1873 -1934)

 

 

Une petite lettre

De l'exil à mes frères de Sion

 

(...) Ce que sèment les justes dans le désert ne meurt -

Mais moi, je jette ma force au vent, et la tempête l'emporte,

Comme un fétu de paille, vers les plaines arides;

D... a maudit cette terre qui ne m'offre que ronces;

Ma vie n'est qu'égarement, et errance sans fin;

Je lutte contre des ombres, je bâtis sur le sable,

Maudit pour mes amis, banni par mes ennemis,

Et je ploie sous le joug.

 

(...) Mon ardeur n'a d'égale que celle de mon peuple!

Offrez la liberté à ma force captive;

Que le parfum des champs ressuscite ce peuple infortuné,

Et que mon corps flétri refleurisse comme l'herbe.

Le Carmel, le Sharon, m'ont élevé jadis

Offrant à mon enfance choyée leur sein gorgé de lait,

Les cimes éternelles ont fait de moi un peuple puissant,

Et la pureté des vents a fortifié mes os.

 

De la colline de l'encens, et du mont de la myrrhe,

J'ai semé dans la justice la semence de D...;

J'ai au chant du clairon sonnant la liberté

Fait trembler le Liban, et ébranlé ses cèdres -

Où sont mes jours d'été, le printemps de ma vie?

Et pourquoi le soleil ne m'observe t-il pas?

Autour de moi le froid, les nuages hivernaux... Vois-tu, mon ami,

Que les lois naturelles pour moi sont bouleversées?

 

Ici l'espoir est mort, mon frère, ici tout est fini,

N'attendons plus de D... ni bonté, ni salut;

Nul espoir n'est permis à la colombe prise dans les griffes du vautour -

Aujourd'hui mon regard se tourne vers l'Orient;

Je n'ai pas vu encore mes rêves s'accomplir -

Mais mon âme, comme l'oiseau, hume la liberté.

Voici mon idéal, mon ultime espérance,

La lune, le soleil qui m'abreuvent de lumière;

 

Voici l'étoile d'or, la colonne de feu,

Qui éclairent mon chemin et adoucissent ma nuit;

La voix qui réconforte, et murmure en mon coeur:

Il me reste l'espoir, et je n'ai pas perdu toute confiance en D....

Déjà mes yeux découvrent les tendres bourgeons,

Qui fleurissent comme l'espoir dans toute âme vivante;

Je ne veux qu'espérer; heureux ceux qui attendent - Travaille et peine, mon frère,

Pour le saint Nom de D...!

 

Septembre 1894



Bialik house

 

 

 

 

 

 

 

Tag(s) : #Culture
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