En 1936, Sulayman al-Assad ecrivit une lettre au premier ministre juif de France, Leon Blum, dans laquelle il le prevenait contre "la philosophie de haine et de fanatisme qui reside dans le coeur des arabes musulmans".
Hafez al-Assad et sa famille, a gauche Bashar dans les annees 70
"Les bons juifs ont apporte aux arabes la culture et la paix, il ont distribue de l'or et la prosperite en Palestine, sans porter atteinte a personne et sans rien prendre de force - et malgre tout les musulmans ont declare contre-eux le jihad et n'ont pas hesite a egorger leurs femmes et leurs enfants".
Cette phrase n'a pas ete ecrite par le service de propagande du premier ministre, ni par un historien de droite de l'organisation sioniste : elle a ete ecrite par Sulayman al-Assad, le pere de Hafez et le grand-pere de l'actuel president de la Syrie, Bashar al-Assad.
Il s'agit d'une lettre qui a ete envoyee par six separatistes alaouites, dont le grand-pere d'Assad, en 1936, au premier ministre juif de la France Leon Blum, dans laquelle il le pressait de ne pas annexer a la Syrie sunnite la region alaouite independante cree en 1922, et de ne pas supprimer la protection du mandat francais pour les minorites en Syrie.
Le texte integral de cette lettre - etait conserve par les archives du ministere des affaires etrangeres francais, mais il parait qu'elle a disparue de maniere mysterieuse - a ete publie dans le livre du chercheur Maty Moussa "Les chiites extremistes" en 1988, puis plus tard par le chercheur israelien Mordechai Kedar.
Assad et ses amis separatistes se sont adresses au cote juif de Blum, qui etait considere comme un supporter du sionisme, et ils se sont servis de la souffrance du Yishouv juif en Israel et le declenchement des emeutes arabes de 1936 afin de mettre en avant le destin amer qui attendait les alaouites dans le cas ou ils seraient controles par une majorite musulmane nationale a Damas. Par la meme occasion, ils prenaient leurs distances avec la religion musulmane.
"La peuple alaoui qui a veille a rester independant en raison de la jalousie et de ses victimes, est un peuple differend du peuple sunnite et de sa religion, de ses dirigeants et de son histoire". Ils ecrivirent : "les alaouites sont des infideles... La philosophie de haine et de fanatisme qui reside dans le coeur des arabes musulmans contre tout ce qui n'est pas musulman est depuis toujours developpee par la religion musulmane".
"Il n'y a aucun espoir que la situation change un jour, et c'est la raison pour laquelle la fin du mandat exposera les minorites en Syrie a un danger de mort et d'extermination, et cela sans prendre en compte que ce fait annulera la liberte de pensee et de croyance. La situation des juifs en Palestine", ajoutent-ils, "montre de facon claire et nette le militantisme de l'islam contre tout ce qui n'appartient pas a l'islam".
Cet appel dramatique de Sulayman al-Assad n'a servi a rien, bien sur, la region alaouite, qui s'appelait 'l'Etat de Lattaquie', a ete relie a la Syrie, qui attendi encore dix ans la fin du mandat francais en 1946.
L'identite alaouite de la dynastie Assad et le lien ambivalent de l'islam vis-a-vis de ce peuple, accompagne aussi les principales pretentions des freres musulmans contre le regime de Bashar al-Assad, depuis le debut de la guerre civile en Syrie en 2011. L'annee derniere un haut responsable des freres musulmans a declare lors d'une interview accordee a la television egyptienne qu'il s'agissait de juifs, et que le pere de Sulayman al-Assad, Sulayman al-Wahhish, n'etait autre qu'un juif perse qui a emigre en Syrie et change son nom en 1927 pour prendre celui d'Assad, 'Le lion'.
Apres la guerre des six jours, etaient aussi apparues des rumeurs comme quoi Hafez al-Assad collaborait avec Israel et qu'il avait volontairement donne le Golan a Israel en echange de son soutien a la revolution alaouite qui avait eu lieu un an plus tot, et avant la revolution suivante realisee par Hafez al-Assad lui-meme en 1970, lorsqu'il a pris le pouvoir.
Traduit de l'hebreu par David Goldstein pour Haabir-haisraeli.